C’est pas vraiment une question, mais c’est plutôt que j’ai besoin de m’exprimer sur ce qui s’est passé, et de savoir si c’est un viol ou non et ce que je dois faire pour me sentir mieux, parce que là ça va très mal.
J’ai 17 ans et hier soir j’ai fait le mur pour rejoindre l’ami d’une amie, je ne l’avais vu qu’une fois, mais on s’était bien parlé par sms, il avait l’air gentil. On s’est rejoints, on a parlé et rigolé ensemble (sans que ce soit la grosse poilade non plus hein). Puis on s’est embrassés, pendant un long moment. Ensuite il a commencé à essayer d’enlever mon haut, dégrafer mon soutien-gorge ect. J’en avait pas trop envie mais je l’ai laissé faire parce que ça me procurait un peu de plaisir. Mais après il a commencé à me caresser, cette fois je voulais vraiment pas et je lui l’ait clairement fait comprendre. Mais il a continué quand même, enfin je crois, j’ai beaucoup de mal à me souvenir, mon cerveau a dû effacer le pire. Je sais pas pourquoi mais je me suis sentie obligée de le masturber en retour, quitte à nier mon intégrité, je m’en veux. Cette fois il n’avait rien dit. Je me sens coupable (même si je sais que je ne devrais pas, ce qui me fait culpabiliser encore plus). Il a pris mon visage ensuite et l’a fait descendre, pour me faire comprendre qu’il voulait que je lui fasse une fellation. Je lui ait dit clairement que je voulais pas, il m’a dit « essaye juste, juste pour voir », même essayer je voulais pas. Je l’ai déjà fait mais il y avait du désir pendant ces moments là, j’en crevais d’envie, et ça, ce n’est aucunement comparable avec ce que j’ai vécu. Il ne m’a pas obligée, il ne m’a rien dit, je crois même qu’il a sourit pour me rassurer peut-être. Mais après je me suis sentie obligée de céder, je sais pas pourquoi, je m’en veux. Et je crois que ça a été l’un des pires moments que j’ai vécu. Puis je me suis arrêtée d’un coup, je me suis rhabillée, je me suis allongée à côté de lui, je l’ai embrassé. Il n’a pas du comprendre, je m’en fiche, c’est le cadet de mes soucis. Il m’a demandé si je voulais rentrer et si je voulais qu’il m’accompagne, j’ai dit oui. Mais à mi-chemin, je lui ait dit que c’était bon, qu’il pouvait rentrer. Je suis rentrée un peu hagarde et j’ai lu, je me suis accrochée à ce foutu bouquin pour ne pas penser. Pour que ça s’arrête de tourner. Et je me suis endormie d’un coup.
Ce matin quand je me suis levée j’ai réalisé, ce que c’était, et depuis je peux pas m’arrêter de pleurer. Est-ce que c’est un viol ? Que dois-je faire ? Comment aller mieux ?
Bonjour,
Alors d’abord, il y a sans aucun doute plusieurs des choses que tu décris qui laissent penser que ce que tu as vécu pourrait être qualifié de viol. En effet, la personne avec qui tu étais a continué des caresses après que tu lui as « clairement fait comprendre » que tu ne « voulais vraiment pas ». Là déjà, ça veut dire qu’il n’avait pas ton consentement, donc légalement c’est condamnable. Ensuite, le fait de te forcer à lui faire une fellation, en insistant, en poussant ton visage, cela peut également être considéré comme un abus, voire comme un viol. Souvent on l’ignore, mais il n’y a pas besoin de violence physique pour parler de viol. « Céder », ce n’est pas la même chose que consentir, ça implique que la personne a réussi à avoir ce qu’elle voulait malgré toi, pas avec ton accord. Dans la loi française, est considérée comme un viol toute pénétration « commise avec violence, contrainte, menace ou surprise »(article 222-23 à 222-26 du code pénal). Une fellation obtenue par contrainte, comme ce que tu me décris, ça rentre dans ce cadre. S’il n’y a pas de pénétration, on parle alors d’agression sexuelle (Article 222-27 à 222-30 du code pénal).
D’ailleurs, tout ce que tu me décris comme ressentis (culpabilité, impression de ne pas avoir assez dit non, ou pas assez fort, larmes) est extrêmement fréquent chez les personnes qui ont vécu des choses similaires.
Du coup, qu’est-ce que tu peux faire, concrètement? Tu peux contacter le numéro vert pour mettre fin aux violences faites au femmes mis en place par le gouvernement au 3919 (de 9h à 22h) ou le collectif féministe contre le viol au 0 800 05 95 95 (attention si tu es travailleuse du sexe, voilée ou trans, l’accueil dans cette dernière pourrait laisser à désirer). Tu y trouveras des écoutant⋅e⋅s formé⋅e⋅s pour accueillir et orienter les personnes ayant subi des violences sexuelles, à qui tu pourras exposer ce qui t’est arrivé, tes ressentis, et éventuellement tes craintes et ton malaise.
Il existe aussi ce site, pour lequel tu peux témoigner en écrivant à tanpmp@gmail.com, et sur lequel tu trouveras d’autres témoignages qui peuvent aussi t’aider. Sur le blog Philomèle, il y a une liste de psy (majoritairement parisienne) formé⋅e⋅s au psychotrauma. Ces ressources devraient te permettre de t’orienter vers des personnes qui pourront t’aider à aller mieux, que cela passe par un suivi psy, par un groupe de parole ou encore par le dépôt d’une plainte (ou les trois, il n’y a pas de règle, chaque victime/survivant⋅e gère à sa façon, il n’y a pas une formule qui marche pour tout le monde, même si globalement, en parler c’est souvent très bénéfique). Il n’y a rien que tu « doives » faire, mais ces contacts peuvent t’aider, t’accompagner quelles que soient les décisions que tu vas prendre dans les semaines, les mois, les années à venir.
J’espère que tu y trouveras des personnes qui t’aideront à aller mieux.
Je t’embrasse.
Cette réponse existe grâce au soutien de @here_lies_elise sur Tipeee. Merci beaucoup!