Bonjour
Je vous écrit car je ne sais plus quoi faire
Voilà je suis un homme et j ai une peur de la penetration vaginale ( angoisse de performance ) du coup pas d erection s il faut penetrer . Je ne sais pas quoi faire l anxiete est forte. J aurais aimé savoir s il était possible de satisfaire une femme sans penetration .est ce pénible pour une femme d avoir homme comme ça ? Je vis seul et n ose pas rencontrer de peur de parler de ce problème . A cause de ce problème je n ai pas trop d expérience sexuelle. Voilà je ne sais plus faire . Comment vivre une sexualité épanouie avec ça .La penetration est ellle indispensable pour satisfaire une femme et comment parler de ça a une femme j ai honte.
Voilà merci pour votre réponse si vous le pouvez
Bonjour,
J’espère te soulager directement avec une première réponse courte : NON la pénétration vaginale avec un pénis n’est pas du tout indispensable pour satisfaire toutes les femmes cis! Je dirais même que la majorité des personnes nées avec un vagin et un clitoris s’en passeraient beaucoup plus volontiers que ce que l’on pourrait penser! Et OUI on peut donner un orgasme à une femme sans se servir de (son) pénis!
Pour la version un peu plus poussée… Il n’est pas du tout rare que les hommes cis (nés avec un pénis) soient confrontés à cette « angoisse de la performance », ce qui s’explique par plein de choses. D’abord, on leur apprend qu’ils doivent être forts et performants de manière générale, dans tous les aspects de la vie, et que tout ce qui pourrait être vu comme une faiblesse (avoir des émotions ou pire les exprimer, avoir de la compassion ou de l’empathie, se montrer patient, vulnérable, soumis, compréhensif, doux, humble, gentil, passif…) tout cela serait mauvais, indigne, condamnable ou ridicule. Ces traits, que l’on associe généralement au « féminin » sont vus comme des choses dévalorisantes et surtout chez un homme, qui devrait donc se montrer actif voire agressif, dur, intransigeant, fier, dominant, désinvolte, pressé. Le portrait robot du gros con, en fait.
Dans la séduction et dans la sexualité, cela se traduit par des rôles genrés qui placent l’homme en position active, conquérante, dominante (qu’il le veuille ou pas) et la femme en position passive, de docilité et d’attente. On nous enseigne que c’est à l’homme de faire le premier pas, et à la femme de battre des cils pour espérer l’attirer sans pour autant prendre les devants. Qu’un homme doit ouvrir la porte, tirer la chaise et payer l’addition, se montrer protecteur. Qu’une femme n’a pas (ou peu) de désir sexuel qui lui soit propre, et qu’elle soit essentiellement répondre à celui de l’homme qui serait un « besoin », une « pulsion » impossible à contenir. Évidemment, la sexualité n’est envisagée qu’entre un homme -cis- et une femme -cis-. Parmi les stéréotypes que l’on nous inculque, à travers l’éducation, la publicité, les films, les livres, etc, il y a aussi l’homme qui doit forcément être pénétrant et la femme forcément pénétrée.
Mais pour parvenir à être un homme, un vrai, avec les critères que l’on nous enseigne, il ne suffit pas de pénétrer, non. Il faut pénétrer un vagin avec son (gros) pénis. Car dans l’inconscient collectif et les représentations majoritaires de la sexualité, le vrai sexe, c’est cela. C’est d’ailleurs ce qui explique que l’on appelle certaines pratiques « préliminaires », comme s’il ne s’agissait que d’une mise en bouche (huhu) pour le vrai sexe, c’est à dire la pénétration du pénis dans un vagin. Difficile de ne pas voir là des résidus d’idéologie religieuse et/ou médicale, qui placent la sexualité procréative (c’est à dire destinée à faire des enfants) au-dessus de toutes les autres. On nous fait donc penser que seule cette forme de rapports sexuels est bonne, acceptable, morale. Évidemment, bon nombre de personnes se sont détachées de cette idée, et l’accès à la contraception orale (pilule) puis à l’IVG puis à différentes contraceptions pour les personnes ayant un utérus ou celles possédant des testicules, tout cela a participé au développement d’une sexualité non reproductive pour le « simple » but de prendre du plaisir et d’en donner. Mais cette idée, très ancienne et donc très ancrée, selon laquelle seul le coït (pénis dans vagin) « compte vraiment » persiste malgré tout…
Pourtant, il y a tellement de façons de (se) faire plaisir, quel dommage de se limiter à cela! Déjà parce que tous les hommes n’ont pas de pénis et toutes les femmes n’ont pas un vagin. Ensuite parce que tous les hommes n’ont pas envie de coucher avec des femmes et vice-versa. Et puis surtout, parce que la sexualité est bien plus diverse et vaste que cela. A partir du moment où on est avec un⋅e (ou plusieurs) partenaire⋅s, la seule limite c’est l’envie mutuelle (et peut-être à un moment la fatigue, la soif ou la faim ^^). Qui a décidé qu’un « vrai » rapport impliquait une pénétration d’un pénis dans un vagin? Les lesbiennes ne font-elles pas du « vrai » sexe »? Ne peuvent-elles pas s’embrasser, se caresser, se mordre, se lécher, se pénétrer avec les doigts, les mains, des jouets? Se donner du plaisir, et peut-être même des orgasmes? Et deux hommes cis qui partagent des caresses, des fellations, voire une pénétration anale, ce n’est pas du « vrai » sexe? Partant de ce principe, pourquoi cela ne s’appliquerait pas à tou⋅te⋅s?
Ne pourrait-on pas définir un rapport sexuel comme un moment ou plusieurs personnes essayent de prendre et/ou donner du plaisir?
Pour revenir à toi, je comprends que cela puisse être très stressant, mais pourquoi pas, dans un premier temps, arrêter de te concentrer sur ton pénis et même décider de ne pas t’en servir. Tu dis « pas d’érection s’il faut pénétrer », eh bien tu n’as qu’à te dire qu’il ne « faut » pas pénétrer! Tu as mille autres façons de donner du plaisir à un⋅e partenaire, que ce soit avec ta bouche, tes doigts, tes mains, ta langue, tout ton corps peut entrer en jeu! Tu peux même utiliser d’autres choses (sextoys, fruits et légumes…), encore une fois, la seule limite c’est de t’assurer que ton/ta partenaire soit d’accord. Le fait de décider de ne pas utiliser ton pénis ça va déjà faire descendre la pression que tu te mets sur le fait d’avoir ou de tenir une érection (et paradoxalement, ça t’aidera peut-être à avoir/garder une érection, vu que tu te sentiras mieux et moins tendu).
Ce qui distingue un⋅e « bon⋅ne » amant⋅e d’un « mauvais coup », ce n’est pas le fait d’avoir un (gros) pénis (en érection), c’est le fait de faire attention à l’autre, de communiquer avec ellui, de l’écouter, de le/la respecter. Plus vous serez à l’aise ensemble, plus vous serez en confiance, plus vous pourrez passer de bons moments et vous faire plaisir.
Et si tu fais une nouvelle rencontre, et que tu n’as pas envie de lui en parler tout de suite, ce qui peut se comprendre, tu peux simplement lui dire que tu as envie de commencer par d’autres choses. Sachant quand même que l’idéal c’est de trouver des partenaire pour qui la pénétration vaginale (avec un pénis) n’est pas du tout centrale ou incontournable (et je te jure qu’il y en a pleinnnnn, vu que le principal organe du plaisir chez la femme cis est le clitoris, et qu’on peut par ailleurs aimer plein d’autres types de pénétrations -notamment avec les doigts ou les mains-).
En un mot comme en cent : relaxe, je te promets qu’il est tout à fait possible d’avoir une vie sexuelle épanouie sans pénétration vaginale, et il n’y a aucune honte à ne pas avoir envie de la pratiquer.
J’espère que cette réponse t’aidera un peu,
Bisettes
Cette réponse existe grâce au soutien de A_C_Husson sur Tipeee. Merci beaucoup!