J’ai 28 ans et suis toujours puceau, je ne me sens pas « normal » par rapport à mon entourage, suis-je un cas désespéré?

Salut,
J’approche les 28 ans d’ici 2 semaines environ et je suis toujours puceau (tout du moins ma seule expérience s’est limitée à des masturbations avec mon ex copine d’il y a plusieurs années, rien de plus). La majorité des gens que je fréquente ont une vie sexuelle, que ce soit mes amis, ou mes collègues de fac (oui je suis encore étudiant). Je suis apparemment loin d’être le plus répugnant des garçons comme nombreux et nombreuses ont pu me le dire, mais cela reste un sacré mur à franchir que d’arriver à me regarder dans une glace pour m’accepter physiquement. J’essaye d’être relativement souriant dans mon quotidien, agréable, attentionné le plus possible avec mon entourage, mais il est devenu impossible de me lancer (même dans les soirées les plus arrosées) et d’aborder quelqu’un. J’ai eu très mais alors très peu de copines, et la dernière (qui date d’il y a 8 ans et qui a duré le plus longtemps)  m’a largué comme la plus grosse merde de la planète.
Bref, je ne sais plus où j’en suis, c’est devenu un blocage atroce que de faire un pas vers une fille, et je redoute également que le sexe sera une montagne à franchir. Suis-je vraiment un cas désespéré? Ce n’est pas tellement honteux pour moi, mais il y a une frustration relativement forte par rapport à mon entourage, un peu comme le fait de ne pas se sentir « normal » (même si je n’aime vraiment le concept de norme).

Salut salut!

C’est marrant (enfin pas marrant/mdr mais marrant/intéressant, hein) en lisant ta question j’ai l’impression que tu as déjà toutes les réponses… Ou presque :)

Bon, j’ai envie de commencer par la question que tu poses à la fin, « suis-je vraiment un cas désespéré? » Donc euh NON tu n’es pas un « cas désespéré », déjà parce que ça ne veut rien dire quand on parle d’un⋅e être humain⋅e, c’est juste une expression hyper dure et blessante mais qui n’a pas de sens. Les gen⋅te⋅s ne sont pas des « cas », et tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir! En ce qui te concerne, je crois comprendre que la vraie interrogation est : est-ce que tu peux sortir de la situation dans laquelle tu te trouves ou est-ce que tu es destiné à rester dans ce cercle infernal où tu as l’impression que c’est bizarre d’être puceau/de pas avoir eu de relation depuis longtemps DONC tu as du mal à envisager d’aborder une personne qui te plaît DONC il y a moins de chance que tu aies une relation sentimentale et/ou sexuelle etc etc? Et là dessus je crois clairement que c’est tout à fait possible, j’y reviendrai plus bas, je ne pense pas que nous soyons impuissant⋅e⋅s devant nos schémas de pensées et/ou de comportements. Tu te demandes peut-être aussi si tu es seul dans ta situation, et là encore la réponse est NON!

Ensuite, et c’est un peu en rapport, je voudrais revenir sur ce que tu dis après, sur le fait de ne pas te sentir «  »normal » (même si [tu] n’aime[s] [pas] vraiment le concept de norme ». Effectivement le concept de norme est à manier avec précaution voire à éviter quand on parle d’humain⋅e⋅s. Perso j’aurais carrément tendance à vouloir le balancer dans un baril avec 1 litre de pétrole et y foutre le feu.

Parce qu’on utilise « norme » et « normal⋅e » à tous bouts de champ et surtout n’importe comment, pour dire plein de choses différentes mais le plus souvent pour exclure, juger, brutaliser celleux qui seraient en dehors de cette fameuse « norme ». Quand on dit « normal⋅e » on veut parfois dire « majoritaire » mais il y a souvent une autre nuance présente, « normal⋅e » ça signifie aussi « acceptable » ou « correct⋅e », et on lit ou entend toujours en creux la menace pour celleux qui diffèrent, qui dépassent, qui dévient de « la norme ». Sauf que cette norme n’existe pas. Ou plutôt il en existe des milliards. On a chacun⋅e notre système de représentations, de valeurs, de principes avec une idée de ce qui est « normal » et ce qui ne l’est pas. Ça dépend de notre éducation, de notre culture, de notre religion, de notre entourage, de nos expériences de vie, de nos rencontres et c’est donc propre à chaque individu⋅e. partant de là, on peut considérer que rien ni personne n’est « normal⋅e » en soi, dans l’absolu, mais que tout ou chacun⋅e peut être normal⋅e aux yeux d’une ou plusieurs gen⋅te⋅s. (Je sais pas si c’est clair du coup? ^^)

Bien, ensuite tu dis que tu es « toujours puceau », pourtant tu parles d’une expérience de « masturbations avec [t]on ex copine […] rien de plus ». C’est intéressant, parce que là encore, en fonction les personnes, « vierge » ou « pucelle/puceau » ça ne signifie pas la même chose. Selon les pratiques qu’on classe comme sexuelles ou non, ce qu’on imagine comme un « vrai rapport sexuel », on peut se dire pucelle⋅au en ayant embrassé profondément, en ayant masturbé la personne et/ou en ayant été masturbé⋅e, en ayant pratiqué fellation, cunnilingus, des pénétrations avec les doigts… Finalement, s’il y a un truc sur lequel tout le monde tombe à peu près d’accord c’est que s’il y a pénétration avec un pénis (dans un vagin ou un anus), là, oui, c’est sûr on l' »a fait », c’est bien un « vrai rapport sexuel ». A croire que tout le reste c’est de la belote, quoi :)

Évidemment, chacun⋅e a le droit d’avoir ses idées là-dessus, mais cette représentation ultra majoritaire n’est pas si innocente puisqu’elle laisse penser que seuls les rapports hétérosexuels entre personnes cisgenres qui restent chacun⋅e dans leur rôle de genre sont « vrais » ou « valables ». Monsieur doit pénétrer madame avec son pénis, un point c’est tout. Mais la sexualité c’est BEAUCOUP plus vaste que cela, et heureusement! Tout ça pour dire que du point de vue de certaines personnes (dont le mien mais ça vaut ce que ça vaut) tu n’es pas « puceau », en fait… Avoir conscience de ça peut éventuellement te permettre de faire baisser la pression (croissante) que tu te mets pour « le faire » pour « la première fois ». Tu as déjà embrassé, tu as déjà caressé, il n’y a aucune raison que ça ne se passe pas bien pour le reste, du moment que tu es à l’écoute de ta/ton partenaire.

Enfin, attaquons le gros morceau, c’est à dire : qu’est-ce que tu peux faire pour sortir de la situation de malaise dans laquelle tu te sens bloqué à l’heure actuelle? Il me semble que le premier truc sur lequel tu peux agir, seul ou en te faisant aider, c’est ton estime de toi. Dans ton texte, tu parles d’un « sacré mur à franchir que d’arriver à [t]e regarder dans une glace pour [t]’accepter physiquement ». Tu emploies aussi l’expression « la plus grosse merde de la planète » pour parler de toi, c’est pas mal violent je trouve, et ça montre qu’indépendamment de l’aspect relationnel (qui n’arrange peut-être pas les choses) tu as une vision plutôt très négative de toi-même.

Or, le fait d’être aussi critique, aussi dur envers toi-même, c’est quelque chose qui se travaille, pas forcément dans le but de trouver une relation mais avant tout pour améliorer celle que tu as avec toi-même. Ça peut être en essayant de prendre mieux soin de toi, en faisant des choses qui te font du bien, qui te font te sentir valorisé comme une activité créative, sportive, associative, peu importe le principal c’est que ça te fasse plaisir. Ça peut aussi passer par le recours à un⋅e professionnel⋅le type psy qui peut t’aider à comprendre le pourquoi du comment tu te (dé)considères ainsi et à te rendre plus indulgent et attentif avec toi-même.

Apprendre sinon à s’aimer du moins à s’accepter comme on est, c’est la première étape pour se sentir mieux et, magie, quand on se sent bien avec soi, ça se sent, et ça facilite les rencontres… En gros l’idée c’est de remplacer un cercle vicieux par un cercle vertueux : plus tu as confiance en toi plus le contact et les rencontres sont facilitées plus tu as confiance en toi, etc etc. J’ai pas dit que ce serait simple, je crois que c’est un truc sur lequel tout le monde ou presque bosse toute sa vie, mais même le chemin le plus long commence par un premier pas (c’est beau comme une phrase en point de croix sur un coussin, tavu) (mais c’est vrai quand même, eh).

PREACH

Voilà voilà, je sais pas si cette immense réponse te permettra d’y voir plus clair…

Des bisettes à paillettes

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