Salut ! J’ai 15 ans et je suis bi, mais je ne sais pas du tout comment l’annoncer à mon père, vu qu’il est «  » » » »homophobe » » » » » (il ne l’est pas explicitement, mais m’a déjà fait comprendre plusieurs fois que si j’étais gay, alors il serait déçu).
Je sais pas si lui dire est vraiment important, mais je ressens comme une envie de m’exprimer et de lui en parler.
Voilà, des bisous.

Salut!

Effectivement ce n’est pas toujours simple savoir si et comment on va parler de son orientation sexuelle et/ou romantique à son entourage. Qu’il s’agisse de la famille et/ou des ami⋅e⋅s, c’est encore plus compliqué et flippant quand les personnes ont déjà eu des propos et/ou des comportements plus ou moins clairement et plus ou moins violemment homophobes.

Je note bien que tu as mis plusieurs guillemets autour de ce terme, sans doute parce qu’on pense encore très (trop?) souvent que l’homophobie ce n’est « que » insulter ou agresser des personnes qui sortent du cadre hétérosexuel. Mais, et beaucoup de gays, de lesbiennes, de bi⋅e⋅s ou de pansexuel⋅le⋅s l’ont notamment ressenti lors des « débats » autour du mariage pour tous, l’homophobie c’est aussi penser (et dire!) que deux hommes ou deux femmes ne devraient pas pouvoir éduquer des enfants, par exemple. Ou dire que l’homosexualité est une pulsion de mort. Ou ne pas serrer la main de quelqu’un⋅e parce qu’on sait qu’ielle n’est pas hétéro. Ou décider qu’on ne veut plus être ami⋅e avec quelqu’un⋅e parce qu’ielle n’est pas hétéro. Ou partir du principe que tout le monde est forcément hétéro. Ou créer insidieusement un climat professionnel qui empêche les travailleurs/ses d’évoquer sereinement leur orientation. Ou… laisser entendre à son enfant que s’ielle est gay on sera déçu.

Déçu je suis de ton homophobie

Certes ce n’est pas une insulte homophobe dont notre langue regorge pourtant. Certes ce n’est pas un coup porté physiquement. Mais l’impact psychologique de ce type de remarque n’est pas à négliger, et la preuve c’est bien que tu l’as intériorisée et que ça constitue aujourd’hui un obstacle pour envisager de parler de ton intimité avec ton père.

Après, il arrive aussi que les personnes changent un peu voire totalement de discours, d’avis et/ou de comportement en découvrant que (scoop) non, les gays, lesbiennes, bi⋅e⋅s et pansexuel⋅le⋅s ne sont pas d’étranges créatures maléfiques et perverses mais leur [rayez la mention inutile] fils/fille, ami⋅e, frère, soeur, oncle, tante, père, mère, collègue, cousin⋅e, etc etc. Le fait de découvrir qu’une personne qu’on aime beaucoup, qu’on apprécie, qu’on respecte, qu’on estime, n’est pas hétéro, cela peut aider à remettre en question les idées que l’on peut avoir sur les autres orientations.

Est-ce que ça veut dire que es obligé de parler de ta sexualité à ton père? Absolument pas. Tu es le seul à pouvoir décider si ça te pèse trop de ne pas lui dire ou si tu préfères ne pas risquer une réaction désagréable ou violente de sa part (encore une fois, je ne parle pas nécessairement de violence physique, mais les mots aussi peuvent blesser durablement…). Dans un premier temps, si tu as envie ou besoin d’en parler à une oreille que tu sauras bienveillante, je t’encourage à contacter SOS Homophobie au 01.48.06.42.41 ( du lundi au vendredi de 18h à 22h, le samedi de 14h à 16h ou le dimanche de 18h à 20h). Il existe peut-être aussi des associations près de chez toi, si tu cherches sur Internet avec « association LGBT + [le nom de ta ville ou région] », tu trouveras sans doute!

Quoi qu’il en soit, sache que tu n’es pas seul⋅e, et que ta vie n’appartient qu’à toi. Tu embrasses qui tu veux (tant qu’ielle est d’accord), tu couches avec qui tu veux (idem, s’ielle est d’accord) et tu décides d’en parler à tes parents si et quand tu veux.

J’espère que cette réponse t’aidera un peu,

Je t’envoie des bisous de licornes et plein de force et de courage <3

Cette réponse existe grâce au soutien de @qrieuse sur Tipeee. Merci beaucoup!