Bonsoir,
Je suis tombé amoureux pour la première fois d’un garçon, il y a huit mois. Vraiment amoureux. C’est beau, c’est magique. Première vraie histoire de couple pour moi, seconde pour lui. Quelques mois plus tard, il est tombé amoureux d’un autre garçon. Je n’ai jamais rencontré cet autre garçon, mais tout est cool. Chaque chose se fait à son rythme et en son temps et c’est très agréable pour nous trois. À côté, tout le monde continue de faire des rencontres, sexuelles ou pas. C’est merveilleux.
Seulement, il y a deux semaines, je suis parti de France pour un voyage de trois mois. Je n’avais pas réalisé à quel point c’est long. Du coup, je cherche des conseils partout. Comment gérer le fait que son mec soit avec son mec quand on est si loin, si longtemps (ok, 3 mois ça passe vite, sauf quand t’es en plein dedans, hein) ? Comment gérer ses propres insécurités, ses grosses poussées de paniques ? Cette voix qui dit « tu es le deuxième ». Un exemple : Ils viennent d’arrêter le préservatif, ils ont fait des tests et tout. ça parait con écrit comme ça. Mais là, ça me fait un gros trou au ventre. J’ai beau me dire qu’on le fera aussi quand je serai rentré. Là, c’est dur.
Je rajoute une info. C’est étrange mais j’adore voir mon mec et son mec s’embrasser sur Skype ou qu’ils m’envoient des photos d’eux s’embrassant. Ça me rend joyeux. Je leur dis souvent « embrassez vous pour moi »
Bonsoir bonjour :)
Alors d’abord des félicitations s’imposent : tomber amoureux (et encore plus quand c’est pour la première fois) c’est magnifique, d’ailleurs il y a dans ta question plein de jolis mots qui le confirment (« beau », « magique », « cool », « agréable », « merveilleux »).
Après, effectivement, gérer une relation à distance n’est pas simple, et ce que l’on soit dans un couple monogame ou, comme vous, dans un couple non exclusif. Les deux formes ont, je crois, des avantages et inconvénients spécifiques, à savoir que la distance, dans un couple monogame, peut être source de frustration sensuelle/sexuelle ce qui, a priori, ne vous guette pas puisque vous pouvez avoir d’autres partenaires de câlins et plus si affinité. En revanche, les kilomètres et les mois qui vous séparent peuvent, dans une relation non exclusive comme la vôtre, rendre plus fragile l’équilibre entre les trois personnes impliquées (je parle ici uniquement de la relation amoureuse). Et oui, trois mois à l’échelle d’une vie ce n’est rien, mais quand on est loin de celui/celle qu’on aime, et notamment au début d’une relation, ça peut paraître très lonnnnnnnnnnnnnnng!
Long comme ce chat, ouais.
Je comprends que le fait que ton amoureux et son mec aient passé une forme d’étape d’engagement en faisant les tests (dépistages des IST – infections sexuellement transmissibles- et du VIH) et en arrêtant le préservatif ensemble (ce qui constitue une preuve de confiance mutuelle) puisse être une source d’inquiétude, d’insécurité voire de « panique » de ton côté.
Cette petite voix fielleuse qui te murmure « tu es le deuxième », je crois qu’on la connaît tou⋅te⋅s ou presque, et c’est la voix de la jalousie. Car oui, même quand on a réfléchi à ce représentaient l’amour, le couple, l’exclusivité sexuelle et/ou sentimentale ou son absence, etc, on n’est pas pour autant automatiquement à l’abri de ce sentiment pour le moins désagréable. Et c’est souvent d’autant plus dérangeant que ce sentiment viscéral, qui parfois nous tord les tripes d’une abjecte tristesse, est contraire aux valeurs qui sont les nôtres. D’ailleurs, en ce qui te concerne, cette dichotomie transparaît bien dans le fait que tu es paradoxalement inquiet de pouvoir être « le deuxième » et « joyeux » de voir ton amoureux embrasser son amoureux.
Donc que faire? Je pense que la première question à te poser, c’est de savoir comment tu te sens toi avec toi. Parce que bien souvent la jalousie n’est rien d’autre qu’un manque de confiance en soi (fût-il temporaire) qui nous amène à penser avec un schéma du style : « l’autre partenaire de mon/ma partenaire est mieux donc mon/ma partenaire va cesser de m’aimer » ou « mon/ma partenaire va trouver mieux ailleurs et donc cesser de m’aimer » (ce qui ne sont jamais que des façons de dire que l’on se trouve insuffisant⋅e, « pas assez ceci » ou « trop cela » d’une manière ou d’une autre). Ce n’est pas le cas. C’est de toi, comme tu es, exactement comme tu es, qu’il est tombé amoureux, et ce n’est pas la distance qui va changer cela. Cela peut aussi être un manque de confiance en l’autre, qui peut provenir d’un manque de communication sur ce sujet. Après avoir réfléchi à cela, tu peux donc choisir d’en parler à ton amoureux, sans l’agresser ou l’accuser, juste en lui disant que la distance te fragilise, que tu as besoin qu’il te rassure vis à vis de votre relation. (Ce site est très intéressant sur ces questions)
RAPPEL :
Tu es partait pile comme tu es <3
Dans ton cas, je pense que le fait d’être loin de ta « base » (ton pays d’origine, une bonne partie de tes amis, de ton entourage habituel, de tes repères et donc de ton confort relationnel) participe aussi clairement à cette fragilité que tu ressens en ce moment. Il y a fort à parier que la relative nouveauté et de ta relation amoureuse et de ton départ pour des contrées lointaines joue un rôle important dans ta détresse. Je pense qu’en prenant le temps de réfléchir à ce qui t’effraie, en en parlant à ton amoureux, et en laissant le temps (le temps de t’installer, de t’amuser, de ressentir la joie de créer de nouvelles connexions à l’étranger, pourquoi pas aussi de te rassurer sur ta séduction en faisant des rencontres) cela va aller en s’améliorant, et vos retrouvailles seront phénoménales.
J’espère sincèrement avoir pu t’aider et t’embrasse bien bien fort <3
[Edit]Sur Facebook, une copine qui est (à peu près) dans cette situation a commenté ceci : « Je rajouterai que la communication est vraiment essentielle, et être capable de formuler ses propres envies, ses doutes, ses peurs, ses insécurités, et de dire à son ou sa partenaire ce qui nous ferait nous sentir mieux, c’est très rassurant. C’est tout aussi important de savoir formuler ce qui fait plaisir, ce qui va bien, ce que la personne a l’air de très bien faire, de même que les autres moments où on l’est moins. Avoir une communication régulière, même juste pour se souhaiter bonne nuit, c’est maintenir un lien privilégié selon mon expérience.«
Cette réponse existe grâce au soutien de @Ra_GarVal sur Tipeee. Merci beaucoup!