Comment on trouve un.e sexologue ? Comment éviter de tomber sur un charlatan ? Est-ce que c’est parfois gratuit ou remboursé ?
Bonjour!
Alors là c’est une sacrée colle je dois dire, parce que trouver un⋅e bon⋅ne sexologue est sans doute aussi compliqué que de trouver un⋅e bon⋅ne psy. Déjà je ne suis pas sûre qu’il existe un⋅e bon⋅ne sexologue dans l’absolu, parce que ça dépend de ce qu’on en attend, de la sensibilité de chacun⋅e, et d’autres éléments de contexte qui font que le/la super sexologue d’une personne sera peut-être pas du tout le/la bon⋅ne pour une autre.
Ensuite, on a un gros souci de formation en France qui fait que les formations en sexologie sont TRÈS en retard par rapport à ce qui se fait par exemple dans les pays anglo-saxons ou scandinaves en termes d’inclusivité et de progressisme de manière générale. J’ai plusieurs ami⋅e⋅s et/ou collègues qui sont en train de faire ces formations ou y sont passé⋅e⋅s, et tou⋅te⋅s m’ont dit que la formation était hyper hétéro/cis normée/centrée, qu’elle relayait le même genre de clichés sexistes qu’on retrouve dans les ouvrages de John Gray par exemple (le tristement célèbre « Les hommes viennent de Mars les femmes viennent de Vénus »), dans la presse genrée ou dans les médias mainstream. Ainsi, il n’est pas rare d’y entendre parler de fétichismes comme de maladies voire de déviances, que le viol conjugal y soit sinon excusé du moins largement atténué, et que les rôles genrés et hétéro dans la sexualité y soient renforcés (en gros, la sexualité considérée comme normale ou acceptable, c’est le monsieur qui pénètre le vagin de la madame avec son pénis). Exit donc les personnes trans, non-binaires, bye bye les asexuel⋅le⋅s, bisexuel⋅le⋅s, gays, lesbiennes, so long les hommes qui aiment se faire pénétrer, les femmes qui aiment dominer… Si ielles sont mentionné⋅e⋅s c’est toujours à la marge, comme pour signaler un bug dans la matrice de l’identité de genre et/ou de la sexualité bien comme il faut, et non pas comme de simples variantes.
Est-ce que ça veut dire que tou⋅te⋅s les sexologues en France sont à jeter à la poubelle? Bien sûr que non! Certain⋅e⋅s ont d’autres connaissances ou sources en dehors des enseignements très orientés que leur proposent les cursus de sexologie, ce qui leur permet d’y piocher le savoir « brut » si on veut, sans en retenir l’endoctrinement normatif et excluant. Donc, pas de panique, il est sans doute possible de trouver un⋅e sexologue à ton pied, enfin à ton cul, enfin tu m’as comprise.
La première piste qui me vient à l’esprit, c’est le site Gynandco, qui recense des soignant⋅e⋅s safe et inclusif⋅ves, plutôt des gynécologues ou sage femmes, mais certain⋅e⋅s prennent par exemple en charge la baisse de libido, donc ça peut se recouper.
Deuxième piste, faire appel à Magic Tan (en vrai c’est juste Tan mais elle est un peu magique quand même), qui est entre autres la taulière de l’association Polyvalence, où elle recueille des témoignages (mais pas que). Parmi les nombreuses cordes à son arc, il se trouve qu’il y a aussi celle de sexothérapeute et pour le coup je me porte sans problème personnellement garante de l’intelligence, de l’empathie et de l’inclusivité totale dont elle fera preuve. Elle est joignable à cette adresse : tanpmp@gmail.com. Après c’est sur Paris donc je ne sais pas si c’est ton cas…
Représentation métaphorique de Tan
Troisième piste, suggérée par le vénérable Docteur Kpote, Laura Beltran, psychologue et sexologue, elle aussi sur Paris malheureusement, mais dont je peux également assurer qu’elle est à la fois plus que compétente et complètement inclusive et dans le non-jugement absolu.
Quatrième piste, il est possible de faire appel pour ces questions à un⋅e conseiller⋅e conjugal⋅e du Planning Familial ou au sein d’un CPEF (Centre de planification et d’éducation familial, pour trouver celui le plus près de chez toi tu peux mettre CPEF + nom de ta ville ou de ton département dans ton moteur de recherche), qui propose ce service gratuitement.
Cinquième piste le bouche à oreilles, je sais que ça peut sembler un peu nul comme conseil, mais si jamais tu as des proches et/ou ami⋅e⋅s avec qui tu peux parler (pas forcément en détail, hein) des soucis qui t’amènent à souhaiter consulter un⋅e sexologue, peut-être pourront-ielles t’orienter vers des personnes qu’ielles ont consulté ou que des proches/ami⋅e⋅s à elleux ont consulté, etc.
Moi quand mon pote panda me recommande un⋅e bon⋅ne sexologue
Au final, le plus important, c’est peut-être de réfléchir en amont à ce que tu veux/recherches chez ton/ta sexologue, quelles caractéristiques sont importantes pour toi et au contraire, lesquelles sont rédhibitoires (ça peut être le sexisme, la transphobie, l’homophobie, mais ça peut aussi être un⋅e thérapeute qui ne parle pas ou au contraire qui donne trop son avis perso, que tu perçois comme jugeant⋅e…). Par ailleurs, même si ça n’est pas évident d’envisager de faire plusieurs fois la démarche, d’expliquer plusieurs fois, à plusieurs personnes, ce qui t’amène là, il faut que tu puisses t’autoriser à dire à un⋅e soignant⋅e que tu ne vas pas continuer avec ellui si cellui-ci ne te convient pas. C’est complètement ton droit.
Pour ce qui est du remboursement, je pense que ça dépend du processus que tu suis, du type de thérapeute et de l’organisme dont tu dépend (régime général de la sécurité sociale, mutuelles étudiantes, CMU, etc). En général, si on fait appel à un⋅e spécialiste sur ordonnance d’un⋅e médecin généraliste, la sécurité sociale prend en charge une majorité du tarif conventionné. Mais du coup ça ne prend pas en compte les dépassements d’honoraires, qui peuvent être couverts par une mutuelle si tu en as une (et encore, ça dépend des mutuelles, du type de spécialiste…).
J’espère avoir pu te répondre au mieux,
Des bisettes
Cette réponse existe grâce au soutien de @lilou_petite sur Tipeee. Merci beaucoup!