Bonjour,
Femme cis hétéro, lors de ma première fois avec un homme, il m’a mis un doigt dans l’anus, alors que je lui avais dit auparavant que je ne voulais pas encore essayer ça. Je suppose que tu dirais que c’est un viol. Mais en fait ça ne m’a pas déplu, et il a arrêté quand je lui ai dit, du coup, je ne lui en veux pas, mais je ne sais pas quoi penser… Devrais-je lui en vouloir ? Est-ce que c’est mal ?
Merci pour ce site :)
(ensuite, je voulais te dire que tu as l’air super sympa, en plus tu as le même âge que ma soeur (qui s’est coupée de nous parce qu’elle vit avec un PN, mais bon c’est pas le sujet…))

Bonjour,

Alors pour commencer, juste un petit rappel : la loi française (article 222-23 du Code Pénal) considère comme un viol « tout acte de pénétration sexuelle obtenu par violence, contrainte, menace ou surprise ». Donc effectivement, une pénétration avec le doigt dans l’anus sans ton consentement et de surcroît si tu as dit que tu ne voulais pas, légalement, cela constitue un viol. Le fait que tu y aies pris du plaisir ou qu’il ait finalement arrêté ne rentrent pas en ligne de compte d’un point de vue légal.

Voilà pour ce que dit la loi sur cette situation.

Après, en ce qui concerne tes ressentis, ni moi ni personne ne devrait te dire comment tu « devrais » te sentir, si tu « devrais » lui en vouloir, etc. Cela n’appartient qu’à toi, et chaque personne peut avoir des réactions différentes en fonction de son histoire, du contexte dans lequel survient l’événement, etc.

TU N’AS AUCUNE OBLIGATION QUELLE QU’ELLE SOIT.

De nombreuses personnes ayant vécu un viol ou une agression sexuelle l’ont vécu comme une extrême violence sur leur personne et peuvent garder des séquelles psychologiques lourdes comme le syndrome de stress post-traumatique (on revoit ou revit carrément le viol, on ne supporte plus certaines caractéristiques physiques chez un⋅e partenaire ou certaines pratiques car elles peuvent rappeler l’agresseur/se, on peut se trouver incapable de se concentrer sur une tâche car on est constamment en alerte…). La honte et le sentiment de culpabilité ( « j’aurais pu/du plus me débattre », « je n’aurais pas du l’embrasser », « c’est de ma faute j’étais ivre »…) sont également très fréquents chez les personnes ayant vécu un viol ou une agression sexuelle. Beaucoup parlent d’une peur tétanisante de mourir (d’ailleurs, de nombreuses victimes se retrouvent dans l’incapacité de bouger ou de parler, cela s’appelle l’état de sidération).

MAIS il n’y a pas de « victime idéale », et si tu te sens parfaitement bien, et si tu ne gardes aucun sentiment étrange ou désagréable en pensant ou parlant de ce qui s’est passé ou à la personne qui a fait ça, ce n’est pas « mal », au contraire, on ne peut que se réjouir que tu n’en souffres pas. Surtout, surtout, tu n’as pas à t’en vouloir, vraiment, et je ne peux que te souhaiter que cela reste ainsi.

Si jamais cela ne devait pas être le cas, et qu’à l’avenir tu ressentais un malaise en repensant à cet événement ou si des blocages survenaient dans ta sexualité, il pourrait être bon d’en parler à quelqu’un ⋅e, par exemple en contactant le numéro vert pour mettre fin aux violences faites au femmes mis en place par le gouvernement au 3919 ou le collectif féministe contre le viol au 0 800 05 95 95 (attention si tu es travailleuse du sexe ou voilée, ce n’est peut-être pas l’idéal de contacter cette asso). Tu y trouveras des écoutant⋅e⋅s formé⋅e⋅s pour accueillir et orienter les victimes de viol, à qui tu pourras exposer ce qui t’est arrivé, tes ressentis, et éventuellement tes craintes et ton malaise. Il existe aussi ce site, pour lequel tu peux témoigner en écrivant à tanpmp@gmail.com, et sur lequel tu trouveras d’autres témoignages qui peuvent aussi t’aider.

J’espère sincèrement que cette réponse t’aidera

Je t’embrasse,

(PS : merci pour ta gentille remarque, coeur et paillettes sur toi <3)

Cette réponse existe grâce au soutien de @dYnabad sur Tipeee. Merci beaucoup!